Qilàdah - Un ornement militaire equestre musulman
Le « Qilàdah » est un collier décoratif, auquel est suspendu une queue de cheval, qui est attaché autour de l’encolure du cheval sans pour autant être relié au filet. L’origine de cet ornement est obscure mais sa provenance est probablement centre asiatique, vraisemblablement « Turko-Mongole ». Son usage est très ancien, On en voit déjà dans les sources romaines antiques.
Il se difuse trés rapidement au sein des peuples islamiques. On en observe très souvent sur les sources Iraniennes, Arabes, Yéménites, Turks, ect... Pour l’Europe, seuls les combattants de la Sicile et l’Espagne musulmane en portent sur leur monture, liant résolument cette ornement au monde islamique.
Sa signification reste mystérieuse, simple ornement ou harnachement symbolique ? L’hypothèse la plus vraisemblable va à la deuxième idée. En effet, le fait d’utiliser une partie du corps du cheval, animal « sacré » des peuples cavaliers, tout comme de l’islam qui en fait le vecteur de sa diffusion, n’est pas anodine. Encore aujourd’hui, certaines « légendes » nous renseignent sur le rôle du « Qilàdah » dans la culture militaire médièvale Islamique. L’histoire du « chapeau de chinois » de la légion étrangère Française offre une version intéressante selon moi, de l’aura symbolique de la queue de cheval dans la culture islamique et centre asiatique. La légende veut que les queues présentent sur le Chapeau trouvent leur origine dans une vieille coutume islamique adoptée par les régiments d’Afrique : la queue du cheval tué au combat sous le guerrier était coupée en témoignage de courage (du cheval). Certaines fois, elles étaient Exposées devant la tente du chef, elles devenaient ainsi un symbole de commandement. Il est probable, sans qu’aucune source ne puissent l’établir avec certitude, que le « Qilàdah » releve effectivement de cette tradition militaire très ancienne, incarnant à travers les siècles et les religions la « puissance magique » du compagnon fidèle avec qui ont a combattu...
Dans le manuscrit « Warqa wa gulsha » détenu au Topkapi Museum d’Istambul, qui est la source principale pour l ’étude militaire du peuple Tuko-Iranien de la fin du XIIème siècle, 70% des chevaux portent un « Qilàdah ». Notons qu’aucun Qilàdah n’est observé sur les chevaux en situation de « paix » dans le manuscrit, inscrivant cette ornement dans la culture guerrière exclusivement. De nombreuses couleurs de queues sont représentées, rouge, blanches, noires, etc.
Pour réaslier mon « Qilàdah », j’ai utilisé une queue de cheval ancienne (XIXeme), en provenance du Maroc, teintée au pigment rouge. J’ai trouvé cette antiquité sur e-bay pour une somme très modique. J’ai utilisé du cuir pour réalisé la gangue où est fixé l’anneau d’attache. Malheureusement, il m’aurait semblé plus correcte de l’avoir réalisé en bronze, en forme de cloche, mais je n’ai pas eu l’occasion de faire fabriquer cette pièce par un fondeur. J’espère dans l’avenir remplacé le cuir par une cloche de ce type. Une sangle en cuir très banale complète le Qilàdah. J’y ai repoussé des fleurs, motifs très récurant de l’art Islamique que j’ai ensuite doré à la feuille. La boucle en laiton est une boucle de licol (type Poursin) récupéré sur un vieux harnachement usagé.
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Qilàdah 5 645 x 500 px 108.9 ko Rustam et le dragon, Charles Lang Freer museum, F1911.319 fin 12eme siècle |
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