La Jawshan (lamellaire)
Apres le haubert (Dir’) l’armure la plus largement utilisée au moyen orient est l’armure lamellaire (jawshan). L’armure lamellaire est très utilisée par les combattants Turcs et Perses. Au cours du XIIème siècle les Syriens et les Égyptiens l’adoptent massivement. Le fabricant de lamellaire est nommé « Jawàshiniyah ». Notre connaissance de la lamellaire au moyen orient à la fin du XIIème siècle est éclairée par deux sources principales. Il s’agit de la découverte de dix lamellaires de la fin du XIIème-début XIIIème (d’origine iranienne) désormais conservées au sein d’une collection privée et du « Tabsira » de Al-Tarsusi (1).
Al-Tarsusi (1) nous dit que que leur construction est réalisée généralement par des artisans persans qui usent de lames métalliques, de cuir ou de corne. Pour les armures retrouvées (dans une cache d’arme), sur les dix, deux sont en métal. Elles sont constitués de cercles de lamelles rattachés les uns aux autres. Beaucoup présentent des traces de peintures ou d’inscriptions peintes. Le « Warqa wa gulsha » dépeint egalement des lamellaire de couleur (bleu et or notamment). On distingue deux type d’assemblage. Le premier se compose de plusieurs de « cercles » de cuir, durcis et stratifiés, liés entre eux par des lacets. Le deuxième type se compose de petites plaques de cuir rectangulaire assemblées par un laçage plus ou moins complexe. Les lamellaires du premier type possèdent généralement une pièce garantissant la nuque. La plupart de ces pièces conservent des traces de peinture ou de laque de couleur. Des inscriptions ou des dessins figurent sur certaines d’entres elles. Beaucoup de jawshan au XIIème sont représentées sans tassette ou d’épaulière comme on peut l’observer sur le manuscrit « Warqa wa gulsha » (Topkapi Library, Ms Haz. 841 Istanbul, Turquie), elles garantissent le buste uniquement. Quelques sources nous renseignent sur l’emploi de lamellaires plus lourdes, généralement en métal et munies de tassettes et de jupes. Ces dernières étaient certainement reservées à la cavalerie lourde (’Mudajjaj’, "marche lente" en arabe) qui n’était pas équipée de l’arc. En effet les tassettes gênent l’armement de l’arc et la jupe rend inconfortable le tir retourné en selle. Vu que mon « Ghulam » est membre de la cavalerie légère, j’ai opté pour une lamellaire en cuir bouillie. Son statut d’archer monté lui interdit les tassettes et la jupe.
Pour la réaliser, j’ai utiliser une peau tannée végétale de 4mm d’épaisseur. Une peau de bovin malheureusement, une peau de chameau ayant été plus indiquée. J’ai découpé des lamelles de 4cm X 10,5cm. J’ai ensuite découpé avec un emporte pièce la partie supérieures de la lames (2). J’ai percé à l’emporte pièce 8 trous par lames. J’ai bouilli ensuite les lames avec de la cire d’abeille naturelle. Après les avoir laissé refroidir, j’ai assemblé les lames entre elles à l’aide d’un fil de cuir. J’ai utilisé environ 160 lames pour confectionner cette « Jawshan ». Des sangles avec boucles finissent l’ouvrage permettant sa fermeture de chaque côté. J’ai préféré mettre les ouverture sur les cotés, car les traités de « Furusayya » (art de la guerre) indiquent que le guerrier doit être capable de de mettre et d’enlever sa Jawshan au galop... un laçage arrière interdit je pense cette délicate opération...
LEXIQUE : lame : « Aynah » lien de cuir : « Sir » lacet : « Alaqah » sangles : « Rabtah » Epaulière : « Tasset »
(1) Claude CAHEN « Un traité d’armurerie composé pour Saladin », Bulletin d’études orientales, Tome XII, année 1947-1948, Beyrouth, 1948 (2) Cet emporte piece a été realisé par un forgeron également membre de 1186, il est contactable à ces coordonnées : PICOU RICHARD 2 rue Bonnard 33540 SAUVETERRE DE GUYENNE picou.richard@tiscali.fr
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"Aynah" après cuisson 1600 x 1200 px 348.6 ko Les Aynah ont été bouillies à la cire d’abeille. Elles sont dures mais conservent une trés grande souplesse. Il faut les essuyer pendant quelques temps car un léger voile apparait. Apres un moment ce dernier disparait. |
Emporte piece 1600 x 1200 px 570.5 ko Forgé pour l’occasion par Richard Picou, il a servit à découper les parties supérieures des lamelles. |
Aynah au séchage 1600 x 1200 px 438.6 ko Remarquez les trois lames trop cuites à gauche. La cuisson requiert beaucoup de vigilance. |