La Latt (la masse d’arçon)
Des masses d’une grande variété et d’un usage répandu (incluant tous les peuples moyen orientaux sans exception) furent employées tout au long de la période médiévale au moyen Orient. Le monde islamique possède une véritable terminologie en la matière contrairement à l’occident qui ne fait pas de différence entre les types de masses.
On distingue deux principaux types bien distincts : Dabbus (pl. Dababis) et Amùd (pl. Amad) Nous laisserons de coté ici le premier type qui se compose d’une hampe de bois auquel on rajoute une tête en métal pour nous intéresser au second type. Le type « Amùd » qui signifie « colonne ou bâton) est composée d’une pièce unique d’acier réunissant la tête et la hampe. Il est généralement plus long et beaucoup plus lourd que le « Dabbus ». C’est avant tout une arme d’arçon (réservée à la cavalerie d’élite), elle s’utilise par conséquent en selle. Son transport s’effectue pendu au pommeau de la selle, devant le genou droit. Lors des combats on la dispose entre le corps et le pommeau à l’horizontale, se qui permet d’alterner avec d’autres armes (l’arc notamment) et de frapper d’opportunité. On utilise également l’arme lorsqu’on est démonté, glissée dans la ceinture ou sur l ’épaule pour le transport, à une ou deux main pour la frappe. De nombreuses indications textuelles nous renseignent sur les dégâts impressionnant infligés par le « Amùd » . Par contre son poids n’autorise pas une « escrime » aussi fine que le sabre ou le « Dabbus ». Le porteur de « Amùd » semble mettre toute sa force dans un seul et unique coup destructeur. Un traité Abbaside de Furusayya (art de la guerre) du IXème siècle décrit le « Amùd » comme suit : « Elle est l’arme la plus importante à la guerre et dans toutes les situations. Elle est comme le lion chez les animaux et toute personne doit connaître ses vertus et la préférer aux autre armes [en combat rapproché] car aucune ne peut la remplacer ». Le « Amùd » disparaît à la fin du Xème siècle remplacé par la « Latt ». C’est l’héritière du « Amùd », monobloc en acier, mais moins lourde. Elle est surtout usitée par les « Ghilman » (sing. Ghulam) Turcs jusqu’au milieu du XIIIème. Au court du XIIème siècle, le « Dabbus » prend le pas sur le « Amùd » / « Latt » pour devenir plus populaire. (1)
J’ai fait fabriquer pour mon Ghulam une « Latt » (masse d’arçon). Il s’agit d’une « Latt » perse de la fin du XIIème. Elle est longue de 82cm, toute en acier, la tête zoomorphe représente un lion stylisé (très caractéristique de ce type de masse). Pour la faire réaliser je me suis inspiré d’une masse détenue par la Furusiyya Art Fundation (Vaduz). Il s’agit « Latt » perse de la fin du XIIème - début du XIIIème, en acier (70cm), avec une tête zoomorphe de lion.
Cette masse a été réalisé par un forgeron membre du collectif 1186-583, il s’agit de RICHARD PICOU. Je remercie d’ailleurs ici Richard pour sont travail et sa disponibilité. Vous pouvez prendre attache avec lui par e-mail ou par courrier (coordonnées ci-après) si vous avez des idées ou des commandes à lui soumettre : PICOU RICHARD 2 rue Bonnard 33540 SAUVETERRE DE GUYENNE picou.richard@tiscali.fr
(1) Références bibliographique : Dr Shihab al-Sarraf, « Close combat weapons in the abbasid period » dans « Companion to medieval arms and armor » - D NICOLLE (ed.), Oxford, 2002
--
--images
Sources 428 x 893 px 27.5 ko source1 : masse détenue par la Furusiyya Art Fundation (Vaduz). Il s’agit d’une « Latt » perse de la fin du XIIème - début du XIIIème, en acier (70cm), avec une tête zoomorphe de lion source2 : Tête de masse zoomorphe en bronze (County museum of art, Los Angeles) |
||