Recherches
Voici le bilan actuel de mes recherches sur le costume Hospitalier. Rien n’est à tenir pour acquis car nombre de pistes se contredisent en raison d’erreurs problables des auteurs consultés ou de variations régionales du costume...
Voir également l’article La tenue des frères de l’Hôpital à la fin du XIIe siècle écrit de concert avec Yann Kervan.
De par la rêgle de Raymond du Puy, les hospitaliers font le voeu de chasteté, d’obeissance et de pauvreté. Ils doivent se consacrer avant tout au service des pauvres.
L’ordre distingue les frêres clercs (prêtres, diacres, sous-diacres, clercs) les frêres laïques et les servants.
Habit :
Selon la rêgle de Raymond du Puy, la tenue doit être modeste. Il est dorénavant interdit de porter de vêtements de couleur brillante, des fourrures ou des futaines. Les frêres ont obligation de porter la croix sur leurs chapes et leurs manteaux. Ils ne peuvent se coucher nus et doivent être vétus d’une chemise de laine ou de lin. Les clercs doivent revêtir le vêtement blanc lorsqu’ils servent le prêtre à l’autel.
Dotation du moine :
Selon David Nicolle, la croix à huit branches n’apparaît pas avant le début du XIIIème siècle. Elle est donc simple et doit mesurer entre 7 et 10 cm.
Dotation selon la règle de raymond du Puy : 3 chemises (camisa), 3 paires de braies (femoralia), une cotte, une garnache, une chape (capa), deux manteaux (un doublé, l’autre non).
Dotation Hospitalière selon David Nicolle : 3 chainses, 3 paires de braies, une tunique, un habit monastique, une « garnache », deux chapes : une de lin et une de laine doublée de fourrure, 2 paires de chausses : une de lin et une de laine, une calotte, 3 draps dans un sac. Avant 1262, l’hospitalier de terre sainte peut aussi porter un chapeau large ou un turban blanc. Il est, par contre, interdit de porter des sandales (planeaus) et les bottes (larges à la mode islamique) ne peuvent être portées que durant la nuit. Le reste du temps, on doit se conformer à une règle très compliquée pour pouvoir les conserver. Le lin est réglementairement interdit pour les sous-vêtements mais la règle est souvent enfreinte.
Le Cartulaire d’Aix la chapelle de 817 et la règle de St Benoit (dans Histoire Médiévale n°6 p47) définisent la dotation du moine Bénédictin. Elle sont intéressantes à titre de comparaison : Le moine reçoit 2 chapes (cucullea ou capa) : cape utilisée pour voyager et qui protège des intempéries et des salissures. Le Dictionnaire des arts liturgiques précise qu’il s’agit d’un grand manteau de laine ou de soie dont le port est autorisé au coeur pour tout le clergé jusqu’en 1968. Manteau fermé en forme de cloche + chaperon attaché couvrant le buste et doublé de fourrure (animaux sauvages interdits). Large capuchon. Le moine reçoit également 2 chemises (camisa) tunique, robe,etc... parfois appellée à tort « scapulaire ».4 paires de bas (pedules), 2 paires de caleçons (femoralia), 1 ceinture (rocum, bracile) pour laquelle le Dictionnaire des arts liturgiques nous précise qu’elle est faite de cuir sombre, 2 pelisses descendant jusqu’aux talons, 2 jambières ( fasciolae ), des chaussures, des gants pour l’été (le Dictionnaire des arts liturgiques précise noirs pour tous les clercs), des moufles de brebis pour l’hiver, un scapulaire : tunique sans manches, largeur d’un coude à l’autre, descend jusqu’aux talons, moulée au corps et arrondie de touts parts, son capuchon d’une mesure carrée, d’un pied d’homme entier, ouverture supérieure a une coudée jusqu’au sommet du pouce, l’inférieure une coudée entière et trois doigts et doit laisser voir le devant de la coule en large. Parfois appellé à tort « coule ». Les vêtements sont achetés sur place, l’aspect et les matières sont adaptées aux régions.
Le cartulaire précise aussi que le moine reçoit d’autres effets que le vêtement : Natte, drap, couverture de laine, oreiller, couteau, stylet, aiguille, tablette et mouchoir ( utilisé pour éponger la sueur pendant les offices )
Le vêtement blanc que doivent revêtir le prêtre et ses servants de messe dans la rêgle de Raymond du Puy est très certainement une coule : grand manteau de laine porté au coeur par les moines. Ce manteau fermé est muni de larges manches et d’un capuchon. La coule est blanche pour les Cisterciens ( et pour les Hospitaliers ) , Noire pour les bénédictins. Elle est aussi appellée « Froc » jusqu’à la révolution. Selon la rêgle de Raymond du Puy, la croix doit être portée sur la poitrine ( ou le coeur ), côté extérieur sur les manteaux. La coule étant définie comme un manteau par le dictionnaire des arts liturgiques, il se peut que la croix y figure...
Suppléments :
Le Dictionnaire des arts liturgiques nous donne également quelques définitions qui, bien que non datées, peuvent aisément venir complêter le costume :
Bourse d’administration : Petit étui à soufflets en soie blanche conçu pour le transport du viatique ( hostie consacrée ) aux malades. Une seconde bourse de soie violette est utilisée pour l’huile des malades.
Huile : huile d’olive utilisée pour les onctions. Hostie : disque de pur froment cuit sans levain dans un moule.
Tonsure : 8,5 cm de diamètre pour les évèques. 7,5 cm de diamètre pour les prêtres et 2,5 cm pour les clercs. Elle est traditionellement administrée par l’évèque à l’aide de ciseaux spécifiquement dédiés.
Anneau ( ring, anello ) : l’anneau est un signe d’alliance et de juridiction dont on trouve les références bibliques dans la genèse XIII, 42 , le livre d’Esther, III, 10, le livre de Daniel, VI, 18. Il est porté par les prélats : pronotaires, abbés, évèques et cardinaux, ainsi que par les docteurs, les abesses et les religieuses. Certains clercs peuvent user de l’anneau par concession personnelle.
Abbé/Abbesse : terme apparu au XVIIIème et désigne le responsable d’un monastère. L’abbé ou l’abbesse se distinguent par le port de la croix pectorale, de l’anneau et parfois d’une crosse.
Restrictions culinaires :
Selon la rêgle de Raymond du Puy, les frêres en doivent pas manger de viande le Mercredi et le Samedi. Ils ne peuvent pas manger plus de deux fois par jour et ne peuvent pas boire autre-chose que de l’eau après Complie.
Rêgles de la vie monastique :
Visite aux malades :
Selon la rêgle de Raymond du Puy, lors de la visite aux malades, le prêtre doit être en vêtement blanc et porter religieusement la communion. Il doit être précédé d’un accolyte qui porte une lanterne ( avec la chandelle allumée ) ainsi qu’un goupillon avec de l’eau bénite.Le malade devra d’abord confesser ses péchés au prêtre puis communier. Ensuite, on le portera au lit où il sera soigné et nourri ( autant que possible ) de viande.
Déplacements :
Selon la rêgle de Raymond du Puy, les frêres ne peuvent se déplacer seuls et doivent obligatoirement être deux ou trois, désignés par leur maître, lorsqu’ils se renednt en ville ou dans des châteaux. Ils doivent rester ensemble en toutes circonstances, même une fois rendus à destination. Ils doivent apporter la lumière et faire briller celle-ci dans chaque maison où ils sont hébergés. Obligation est faite également de se préserver des femmes.
Aumônes :
Selon la rêgle de Raymond du Puy, les frêres clercs et laïques vont collecter les aumônes des pauvres et peuvent demander de quoi se nourrir avec obligation de se contenter de ce qu’on leur donne. Ils ne peuvent pas recevoir de terres ou d’argent et doivent remettre l’intégralité du produit de leur collecte a leur maître.
Les offices religieux :
Matines : n.f. pl. 1080. Adapté du latin ecclés. Matutinae (vigiliae) « (veilles) matinales ». Office nocturne ; la plus importante et la première des heures canoniales, entre minuit et le lever du jour.
Vigiles : n.f. XIIe s. Emprunté du latin vigilia « veille, veillée ». Veille d’une fête importante. La Vigile de Noël, Vigile pascale. Office célébré ce jour là, de Matine à None. (actuellement vers 3h45)
Prime : n.f. XIIe s. Première heure canoniale ( 6h du matin).
Laudes : n.f. pl. 1200. Emprunté du latin laudes pluriel de laus « louanges ». Partie de l’office qui se chante à l’aurore après Matines et qui est principalement composée de psaumes de louange.(actuellement vers 6h30)
Tierce : n.f. 1119. Petite heure de l’office qui se récite après Prime à la troisième heure de la computation juive (actuellement vers 9h)
Sexte : n.f. 1433 (on peut donc considérer cet office comme de la science-fiction pour la période qui nous intéresse). Emprunté du latin sexta (hora) « sixième (heure) », Petite heure de l’office. (actuellement vers 11h30)
None : n.f. Xe s. Emprunté du latin nona (hora), « neuvième (heure du jour) », ou nonae, « les nones ». Celle des sept heures canoniales qui se chante ou se récite vers la neuvième heure du jour. (actuellement vers 13h30)
Vêpres : n.f. pl. Fin XIIe. Emprunté du latin médiéval vesperae, de vespera « soir ». Heures de l’office, dites autrefois le soir, aujourd’hui dans l’après-midi (actuellement vers 17h).
Complies : n.f. pl. 1190. Emprunté du latin médiéval completa (hora), completae (horae), proprement, « heure qui termine, qui complète l’office ». La dernière heure de l’office, qui se dit ou se chante avant le repos de la nuit. (actuellement vers 20h).
Elements sur le costume militaire hospitalier au XIIème siècle selon David Nicolle :
1 bouclier, 1 surcotte, 1 épée, parfois un couteau ou une dague, 1 haubert de maille, 1« afeutreure » : peut-être une forme primaire de gambison , 1 paire de chausses gambisées + parfois des chausses de maille, 1 heaume, 1 longue lance de cavalerie ou 1 plus courte d’infanterie.
Absence de toute décoration sur l’équipement.
Au XIIIème tous les chevaliers en terre sainte dont les Hospitaliers portent parfois le gambison seul ( sans le haubert ). La moufle de maille apparaît à la fin du XIIème.
Sur la diversité des équipements, Il précise qu’à la fin du XIIème, porter un camail séparé avec un haubergeon ( panceria ) et une cuirasse ( lamellaire de métal ou de cuir ) peut revenir jusqu’à 5 fois moins cher qu’acheter un haubert complet. Il précise également que l’utilisation de protections islamiques « consommables » est sujet de fierté : lamellaires de cuir, jaserant, khazagand.
En campagne, l’armure peut être rangée dans un sac placé à l’arrière de la selle.
Le heaume peut-être maintenu en place par une mentonnière afin d’accroître la protection de la gorge face aux archers musulmans.
Dans les états croisés, les protections de cheval sont très chères et donc très rares mais néanmoins possibles.
La lance de cavalerie est l’arme principale. Sa hampe mesure 3 mètres et peut être parfois en sapin.
L’épée pèse généralement entre 1 et 1,5 kg.
La masse peut être utilisée par les piétons non nobles.
L’usage de l’arc semble autorisé.
La surcotte ( tunique, robe...) doit être portée, toujours visible, par dessus l’armure.