Proposition de costume de cour de noble byzantine
Eudocia, protonobelissimahypertatissa et Dame de compagnie de l’Impératrice Maria, porte ici sa tenue de cour.
Il s’agit d’un ensemble constitué d’une chemise de soie rouge sur laquelle est portée une robe de soie orange doublée.
La présence d’une chemise (Esophorion) à col montant est une interprétation de différentes sources suggérant que dans le contexte de dame de cour ou de représentations formelles de dames de haut rang, le cou est dérobé au regard par un col ou un voile (figure 1). En revanche, dans des contextes plus simples (ronde de danseuses, figure 2) le cou est laissé apparent. Nous avons choisi ici de faire monter le col de la chemise plutôt que celui de la robe elle-même, la rareté des sources ne nous ayant pas permis de trancher.
La forme de la robe correspond à une mode apparue au siècle précédent (figure 3) mais toujours en vogue à la fin du XIIème siècle. A cette époque, le col est majoritairement rond et non plus en pointe. Les manches s’évasent largement à leur extrémité et les bras sont généralement ornés de bandes de brocarts (figures 2, 4). La base de la robe est ornée d’un lacet de laine (peut être le peripherion, Règles de Mikhael Attaleiates Mars 1077) qui permet à la fois, le maintien de la robe et de sa doublure et minimise les dommages dus aux frottements.
La robe est maintenue par une ceinture en soie (peut etre nommé blation, comme le suggèrent quelques actes d’inventaire (Panteleemon N°7, Inventaire monastique 14 Decembre 1142), visible dans plusieurs sources visuelles des XI-XIIème siècles (figures 5-6) et un exemple de ceinture de soie conservée en tant que relique à la la collégiale Saint-Ours de Loches. La ceinture est en soie rouge doublée de soie orange afin de créer un contraste avec la robe tel qu’on peut le voir sur certaines sources (figure 6). Elle est ici fermée par un système de lacets de cotons ornés de perles. Bien qu’au XIème siècle des exemples de boucles rondes soient attestées dans plusieurs représentations (figure 5), ce n’est plus le cas au XIIème siècle et il n’existe quasiment pas d’exemples archéologiques clairement datés de ce type de boucle pour la fin du XIIème.
Signe évident de richesse et de son rang social, Eudocia porte par dessus sa robe un sagion, un manteau, que nous avons choisi mi-long, suivant en cela la représentation d’Irène Gabras (figure 7) mais aussi attesté sur une représentation datée au plus tard de 1169 ( [1]). Ce manteau de laine doublé de coton est richement décoré de larges bandes de brocarts et est abondamment rehaussé de perles. Les manteaux ainsi enrichies sont généralement portés par les dames de l’aristocratie de la capitale de l’empire, tout comme des capitales provinciales.
Ce manteau de laine est fermé par une broche (appelé kombothilea dans des actes du XIIIème siècle comme le cartulaire de Lembiotissa N°23 Février 1255) d’un modéle un peu plus simple que ceux généralement représentés. Là encore l’absence de traces archéologiques de ce type de broche laisse une grande part à la spéculation. Le manteau pesant environ3 kg, si la broche était accrochée directement sur le tissu, elle en endommagerait inévitablement la trame. Nous avons donc cherché sur des sources du XIIème siècle la présence d’accroches permettant le maintien d’un fermoir ou d’une broche pour préserver l’intégrité du tissu. A titre d’exemple, le manteau de couronnement de Roger de Sicile porte 2 éléments métalliques accrochés au niveau du col permettant vraisemblablement l’utilisation d’un fermoir qui ne serait pas directement en contact avec le tissu du manteau lui même (figure 8) ; cela semble donc valider notre hypothèse.
Dans le contexte de la cour impériale, la tenue d’Eudocia ne saurait être complète sans un élément distinctif de son statut, à savoir son propoloma. Celui ci est réalisé en feutrine, recouverte de soie blanche. De plus amples détails sont donnés dans le cadre de l’article consacré à la coiffure et aux bijoux (http://1186-583.org/Coiffure-et-coiffe).
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[1] Maria Parani, Reconstructing the Reality of Images : Byzantine Material Culture and Religious Iconography (11th-15th centuries)