Bouclier de fantassin Januwiyah
Le bouclier utilisé par abu Hamir n’est pas sa propriété, il lui est donné lors des expéditions militaires, et il est stocké dans un arsenal le reste du temps.
Il s’agit d’un type de protection dont il est possible qu’il soit diffusé aussi en Italie, avec une influence dont il est difficile de déterminer le sens de diffusion.
La forme est celle d’un écu normand, sauf que la base en est coupée, pour en faciliter la pose sur le sol lors des opérations de combat. Les textes nous indiquent que les hommes qui s’en servent sont généralement armés d’une lance et de javelines (souvent deux). Ils protègent les lignes.
Mon hypothèse de restitution m’arrive sous la poitrine mais je pense, a posteriori, qu’il serait mieux de le faire moins haut. Il s’agit de planches de bois collés goujonnées, de façon à les cintrer. Cette base a été réalisée par Yannick Jaumard, alias Renier, un membre de l’Ost de Montjoie. Une peau de rawhide a été collée dessus, ce qui m’a valu quelques désagréments. En effet, le rawhide rétrécit lorsqu’il sèche et il a tendance à "ouvrir" le bouclier, et donc à le fragiliser. Malgré toutes mes précautions, il s’est un peu déformé au séchage, certainement à cause de mon inexpérience dans ce genre d’opération.
Les énarmes de cuir sont très simples, rivetées avec des carrelles pour les maintenir (figures 2 et 5). J’ai choisi de mettre une lanière bandoulière en tissu car cela me semble correspondre à ce qu’on voit sur un plat en lustre métallique iranien du XIIe siècle, (Arms and Armor Islam p.229, N°565, figure 9). De plus, je peux facilement ajuster la longueur pour le mettre sur mon dos, ou me servir de la toile pour ma protéger la main lors des combats.
Le décor a été peint avec de l’ocre et du noir d’os, mais les pigments ont été préparés avec une technique moderne, mes tentatives de peintures à l’ancienne n’ayant pas été concluantes. Cela n’est néanmoins pas visible. Le thème est une procession d’oiseaux mâles et femelles, partant en procession des quatre fleuves du Paradis (en bas) jusqu’à leur rencontre en haut (figure 4, source figure 10)
Bibliographie :
David Nicolle, Arms and Armor of the Crusading Era 1050-1350, Islam, Eastern Europe and Asia, London : Greenhill Books, 1999.
Je tiens à remercier le Dr David Nicolle pour son autorisation de publier ses dessins ici.
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Figure 3 286 x 600 px 42.7 ko Vue de face avec la sangle-guiche posée comme représentée dans le plat iranien. |
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Figure 5 450 x 600 px 45.1 ko Les deux poignées de préhension (énarmes), et les départs de sangle en cuir pour y nouer la bandoulière de lin. |
Figure 6 275 x 397 px 29.8 ko Psautier arménien, Xie-XIIe, bibliothèque du monastère Vatopediou, Mont Athos en Grèce, Ms. 608, f.283. (A&A Islam p.71, N°121) |
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Figure 7 177 x 399 px 23.7 ko Evangile copte, 1179-1180 (BnF, Ms. copte 13, A&A Islam p.135, N°325e -f. 83v) |
Figure 8 600 x 479 px 92.7 ko Evangile copte, 1179-1180 (BnF, Ms. copte 13, A&A Islam p.135, N°325e -n - f.79r) |
Figure 9 354 x 504 px 52.5 ko Keir collection, no. 151, Londres. Plat en lustre métallique iranien, XIIe siècle, (A&A p.229, N°565) |
Figure 10 600 x 369 px 50.2 ko Motif d’oiseau d’un fragments de céramique 10/12e siècle, de Kuva en Uzbekistan |