Une Lampe à huile
Modèle en forme de soucoupe
En Terre Sainte, différents modes d’éclairage sont avérés à la fin du XIIeme siècle et peuvent être regroupés en 3 "familles" : les torches, les bougies et les lampes à huile.
Les torches, fabriquées en général à base de résine, sont rarement utilisées en intérieur, pour d’évidentes raisons d’enfumage et de risque d’incendie. Elles restent néanmoins un éclairage de choix en extérieur et sont présentes en tant que tel dans l’iconographie relative au Royaume de Jérusalem (figure 1). Les bougies de cire sont généralement réservées au clergé ainsi qu’aux classes supérieures, mais restent un produit de luxe du moins jusqu’au XIIIeme siècle oÙ commence leur production de masse. D’autres bougies, à base de graisse ou de suif, existent pour les classes moins favorisées. Pour ce qui est de l’éclairage dans la sphère privée dans le bassin méditerranéen, seule les lampes à huiles sont généralement, et ce depuis l’Antiquité, utilisées.
En Terre Sainte, l’utilisation de lampes en terre cuite tournées remonte à l’Âge de Bronze (figure 2). Si les périodes hellénistique et romano-byzantine voient une large diffusion des lampes moulées avec décorations sur la partie supérieure, les périodes islamique et croisée marquent le retour de la lampe tournée avec l’apparition de la lampe dite "soucoupe" ou "ruche". Ce type de lampe, sur une base de lampe coupelle (figure 2), ajoute un réservoir et est munie d’une anse (figures 4-5, 8-9). Si les modèles islamiques montrent des réservoirs de taille variable (figures 3-4), peut-être une évolution d’un modèle primitif (figure 3) vers un modèle plus évolué (figure 4), les lampes associées à des établissements latins sont en général pourvues d’un réservoir assez large (figure 5).
La technique utilisée pour leur fabrication consiste en un assemblage d’une coupe, tournée, sur lequel se rajoute le réservoir, lui aussi tourné [1]. La coupelle est pincée permettant ainsi de faire reposer la mèche, qui pénètre dans le réservoir par un trou placé dans l’axe (figures 6-7,11). Une anse vient parfaire l’ensemble. Les lampes ainsi fabriquées restent de petite taille (en moyenne 100x100 mm). Une cuisson à très haute température permet de rendre les lampes imperméable au combustible ce qui explique sans doute que les lampes trouvées en Palestine soient généralement non-glaçurées [2].
Merci à Marei Müller (http://www.keramik.de.be/) pour son aide technique précieuse et indispensable. Michael Fuller a réalisé plusieurs campagnes de fouilles en Syrie (Al Tumenir) permettant la mise au jour de nombreux exemples de lampes de ce type (http://users.stlcc.edu/mfuller/tuneinir/).
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[1] Saladin und die Kreuzfahrer : Katalog zur Ausstellung. Catalogue d’exposition 2005. Edition Philipp von Zabern, p449.
[2] Kennedy, C.A. The Development of the Lamp in Palestine. In Berytus. Volume XIV : 1963.