Un ordre militaire
Un Ordre militaire est un groupement de chevaliers astreints à l’observance d’une règle monastique ou canoniale, vivant dans des couvents, pratiquant les voeux essentiels de religion et demeurant dans la dépendance plus ou moins étroite des supérieurs de l’ordre religieux auquel ils se sont agrégés.
A l’origine, tous les Ordres militaires procèdent d’un même esprit : protéger, abriter et soulager les chrétiens qui se trouvent en contact avec les Musulmans.
Il existait à Jérusalem un hospice dédié à St Jean Baptiste, administré par les Bénédictins, parmi lesquels se trouvait un Provençal nommé Gérard ( Géraud ), originaire de Martigues. Après la prise de la cité par les croisés, avec quelques frères de l’hospice et quatre chevaliers croisés dont Raymond du Puy, il prononca devant le patriarche de Jérusalem les trois voeux de pauvreté, de chasteté et d’obeissance. Comme signe distictifs, les hospitaliers, ainsi formés, placèrent sur leur robe noire Bénédictine une croix blanche sur l’épaule. Il n’est pas sûr que ce soit déjà la croix à huit pointes que l’on nommera bien plus tard "croix de Malte". Pascal II approuva en 1113 la règle que Géraud avait composée. Désormais, les textes romains désigneront l’Ordre par le vocable : " ORDO EQUITUM HOSPITALIORUM SANCTI IOHANNIS HIEROSOLY MITANI"
Raymond du Puy succéda à Gérard en 1120 pour donner une nouvelle mission à l’Ordre : tout en restant infirmiers, les Hospitaliers accueilleront la vocation chevalresque et joueront désormais un rôle militaire actif. L’Ordre se développa très vite et Alphonse Ier d’Aragon, mort en 1134, lui lègua son royaume à condition d’en partager l’usufruit avec les Templiers et les Chevaliers du Saint-Sépulcre. Raymond du Puy se désista en échange de places fortes. En 1152, le pape Eugène III approuva les statuts modifiés de l’Ordre, confirmant que celui-ci ne relèvait que de Rome et non du patriarche de Jérusalem ou des évèques locaux. Rome étant loin, l’Odre se gouverna dès lors à sa guise, s’attirant ainsi l’hostilité des active des hauts dignitaires éclésiastiques ainsi évincés.
Le maître de l’Hôpital de 1160 à 1187 est Roger des Moulins.
Le chapitre général de l’Hôpital réuni en 1203-1206 à Margat sous la présidence du maître Alphonse de Portugal divisera officiellement l’Ordre en trois classes, à savoir les frères chevaliers, les frères sergents d’armes et les frères prêtres.
Mais avant ce chapitre, l’Ordre comprend trois sortes de frères, à savoir les frères clercs, les frères laïques et les frères convers.
Parmi les laïcs, l’on trouve les chevaliers, combattants qui ont à établir leur noblesse et s’appellent modestement Frères, ainsi que les servants d’armes qui ne sont pas nobles.
Outre les très nombreuses commanderie de métropole qui, comme l’écrit l’Abbé Vertot dans son Histoire de Malte " (...)servoient à recueillir les pélerins qui dévouoient pour le voyage de la Terre Sainte. On y ménageoit leur embarquement ; ils trouvoient des vaisseaux, des guides et des escortes (...)", les Hospitaliers possèdent de nombreuses places fortes en Terre Sainte. Certains châteaux sont batis à l’entrée des ports, pour en défendre l’accès, tels ceux de la mer de Sidon et de Tripoli. Parmi les forteresses recensées, on trouve le Krak, Margat, Belvoir, le Sare, Bath-Gibelin, Belmont, et d’autres encore en Arménie ou à Acre.
Un pélerin allemand, Théodoric, qui visite le grand Hôpital de Jérusalem entre 1169 et 1172, explique que les ressources des hospitaliers proviennent non seulement des terres qu’ils possèdent à l’étranger, mais également des cités et des domaines agricoles ( champs, vignobles ) situées en Judée dont ils se sont emparés. Il précise que ces divers possessions permettent également à ces moines-chevaliers de truffer la région de soldats et de châteaux solidements fortifiés pour défendre le royaume de Jérusalem contre les paîïens. Jean de Würzburg confirme dans ses écrits que l’Hôpital entretient à des dépens de nombreux militaires qu’il répartit dans ses châteaux pour défendre les terres appartenant aux chrétiens contre les incursions des Sarrasins.
En 1163, Un voyageur juif, Rabbi Benjamin, écrit à son retour de Terre Sainte : "(...) Le second Hôpital accueille quatre cents chevaliers, prêts à comabattre en encadrant ceux qui arrivent de la terre des Francs et des autres pays de la chrétienté. Ils ont généralement fait voeu de rester un an ou deux en Terre Sainte."
Un Clerc anonyme, ayant séjourné au grand Hôpital de Jérusalem entre 1177 et 1187 nous apprend, dans son récit, que près des champs de bataille, les frères montent des tentes oÙ des chirurgiens soignent les blessés chrétiens. Les Hospitaliers assurent également le transport vers l’hôpital de Jérusalem des malades et des blessés qui ne peuvent se déplacer par leurs propres forces, tandis que les frères chevaliers n’hésitent pas à prêter leurs montures aux infirmes, tout en poursuivant leur route à pieds.
Les Hospitaliers, de leur propre initiative, assurent eux-même la liaison avec la chrétienté. Au printemps, ils envoyent en Europe de petites unités navales, solidement armées, qui, défiant les pirates musulmans, vont en Provence ou en Italie chercher les pèlerins. On ne compte qu’un seul bateau de fort tonnage : la Comtesse, qui livrera quelques combats décisifs aux corsaires Turcs.