La gestuelle du salut chez les musulmans à la fin du XIIème siècle
La civilisation moyen orientale de la fin du XIIème siècle possède un degré de raffinement assez élevé. On retrouve notamment une gestuelle complexe constituée de « signes » qui interviennent dans de nombreux domaines de la communication entres les individus. Parmi ces signes-gestes symboliques, il y a celui du « salut » lorsque deux personnes se rencontrent ou que l’on veut s’adresser à un puissant.
Ce geste très simple consistant à dresser l’index de la main droite légèrement replié vers l’avant est lié à une notion forte de respect. Il est vraisemblable que l’inférieur salue de cette manière une personne d’une condition supérieure à la sienne, les sources ne nous permettent pas de savoir si ce « salut » est rendu, aucune d’entres elles ne le figurent en tout cas.
Mis à part l’iconographie, où il est représenté très fréquemment, les sources écrites nous renseignent pauvrement sur cette usage. Il est difficile de connaître la formule orale qui devait l’accompagner. Néanmoins en s’appuyant sur « les mémoires d’Usamah ibn Munqidh » on imagine que cette formule revêtait à caractère religieux. On relève dans l’oeuvre, par exemple, les formulations suivantes : « ... qu’Allâh t’ai en pitié !... », « ... la grâce d’Allâh sur toi !... » ou « ... pars en paix avec Allâh le très haut... ». Sur la signification du geste lui même, l’hypothèse du lien religieux est la plus probante. Si on se base sur l’étude menée par Mr Battesti (1) sur la communication gestuelle Yéménite, ce signe désigne Dieu lui-même. « Dieu : Il est souvent désigné de l’index tendu vers le ciel. Ce geste est le terme d’une série qui commence par l’énoncé complet de la shahâda, qu’on peut réduire au nom Allâh, puis à la syllabe Lâh qui est aussi le nom de la divinité, au son Ah, et si on ne peut plus parler, par exemple à l’article de la mort, à l’index dressé, et enfin, si on ne peut plus dresser le doigt, à l’esquisse du geste »
Dans d’autres domaines de la vie quotidienne, la gestuelle musulmane s’ancre profondément dans l’islam. Dés l’enfance, à l’école coranique, l’imaginaire de la gestuelle se nourrie des indications ou des obligations comportementales prescrites par le livre saint. Citons à titre d’exemples quelques comportements identiques auxquels on peut assigner une origine religieuse ; manger de la main droite (parce que la gauche sert à la " toilette intime "), entrer dans une pièce du pied droit (pour respecter la sacralité du lieu). L’ensemble du monde musulman est polarisé entre sa droite et sa gauche. Au Yémen, le geste de rentrer du pied droit est volontaire lorsque l’on se rend à la mosquée.
(1) Esquisse d’une communication gestuelle yéménite (Taez et Sanaa) par Vincent Battesti
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Iran, fin XIIème début XIIIème siècle 450 x 469 px 43.6 ko Les scènes equestres où figurent se geste sont trés nombreuses. |
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